menu
logo turpeau

01.04.23

Lire l'architecture 1/3

L’architecture comme dans un livre

Il arrive fréquemment, chez Leyrit & Turpeau, qu’un propriétaire nous interpelle de cette manière : “Comment faites-vous pour connaître déjà toute l’histoire de ma propriété, alors que vous êtes arrivé il y a à peine 5 minutes ?”

L'idée n'est pas de savoir si nous avons bien préparé notre rendez-vous ou si cinq minutes suffisent pour noyer notre interlocuteur sous un déluge d’informations… Non, il ne s’agit pas de cela. Il s’agit bien d’être en capacité, au premier coup d'œil, de lire l'architecture, d’en comprendre la chronologie, et de la situer dans le temps. L’architecture est un langage qui s’apprend, qui s’exerce et qui s’entretient.

Lire l’architecture par la morphologie

La première source essentielle d’informations est la morphologie de la construction. C'est pourquoi, nous nous attachons à bien en observer la silhouette autant que le volume général. Le bâtiment est-il constitué d'un ou de plusieurs corps de logis ? Est-il double en profondeur ? Des dépendances sont-elles directement rattachées à la partie noble de la demeure ? Et s'il y a plusieurs volumes, chacun a-t-il sa propre toiture ou bien un seul toit relie l’ensemble ? Chaque configuration est singulière et apporte un témoignage précieux qu’il faut recueillir et analyser attentivement tel un détective. Si différencier un château d’époque médiévale d’un château d’époque Second-Empire ne semble pas poser de grandes difficultés tant les différences sont probantes, il est intéressant d’observer que plus les époques distinctes sont rapprochées plus l’exercice de datation nécessite une attention particulière. Les différences reposent parfois sur un détail mince comme un cheveu. Par exemple, un château du XVIIe siècle comportera des toitures indépendantes, comme cela est visible au château de Maisons-Laffitte, et un château du XVIIIe siècle pourra être coiffé d’une toiture d’ensemble comprenant des parties indépendantes au niveau des pavillons, à l’image du château du Villarceaux. Et pourtant près d’un siècle les séparent. Mais attention, restez vigilants ! Il y a de nombreux cas particuliers et l'éclectisme du XIXe siècle peut venir brouiller les pistes.

Lire l’architecture par l’histoire

Lire l’architecture est un exercice de style qui demande de recouper des connaissances en histoire et en histoire de l’Art, appliquées à la construction. Tout édifice est construit, à une date plus ou moins précise, sur une durée plus ou moins longue, à une époque donnée dont il reflète inexorablement toutes les contradictions, toute la complexité, mais surtout, toute la profondeur. L’architecture est influencée tant par son environnement proche que par des événements marquants de grande envergure. Par exemple, une période tumultueuse, ponctuée de guerres, favorise l’émergence de places fortes destinées à défendre un territoire tout en protégeant ses habitants. Autre exemple : une baisse démographique, provoquée par des épidémies de peste au XVIe et XVIIe siècles, entraîne un dimensionnement des logis proportionné au nombre de serviteurs encore disponibles à la culture des terres. Dernier exemple, une simple décision politique peut réduire en poussière une forteresse. Ainsi, le 31 juillet 1626, le Cardinal de Richelieu rend effectif le démantèlement non pas d’un seul château mais de près de deux milles châteaux forts devenus “inutiles” pour défendre la couronne. Fort heureusement, par cet acte décisif, Son Éminence ouvre la voie à de nombreuses reconstructions plus modernes, devenant des châteaux résidentiels et non plus défensifs. Mais ce sont là seulement des exemples. L’essentiel est de repositionner chaque pierre dans son époque comme on remet chaque pièce d’un puzzle à sa juste place. Et il est nécessaire de garder autant que possible en trame de fond une bonne chronologie historique et des points de repère en histoire de l’Art.

 

Retrouvez la suite ici

motif